Charlottetown Guardian - September 17, 2016
Victoria Times-Colonist - September 18, 2016
Calgary Herald - September 24, 2016
National Post - September 26, 2016
par Colin Kenny
Donald Trump a récemment fait la une des journaux en affirmant que les pays de l’OTAN n’assumaient pas leur juste part du fardeau de la défense commune, évaluée à 2 % du PIB. Même le président Obama a publiquement souligné, et nulle part ailleurs que dans son discours au Parlement, que le Canada doit assumer « [sa] pleine part afin de contribuer à la sécurité commune ». Les Canadiens aiment à penser que le sous-financement de notre défense passe inaperçu aux États-Unis. Eh bien, laissez-moi vous dire que les politiciens américains, des deux bords, m’ont affirmé, comme ils l’ont affirmé à d’autres parlementaires, qu’ils en ont plus qu’assez que le Canada et d’autres pays de l’OTAN se comportent comme des pique-assiette.
Souvent plus polis et plus diplomates, ils préfèrent parler de « partage du fardeau », mais ne vous leurrez pas, car ils savent pertinemment qu’ils doivent renoncer à d’autres programmes intérieurs pour protéger ces pique-assiette que sont leurs voisins et leurs amis.
L’écart entre nos dépenses de défense actuelles et ce que nous nous sommes engagés à dépenser dans le cadre de l’OTAN illustre parfaitement pourquoi les États-Unis sont en droit d’être agacés. Atteindre la barre des 2 % nécessiterait des dépenses supplémentaires de 19 milliards de dollars par année. Au cours de la seule dernière décennie, cela représente un total de plus de 150 milliards de dollars en dépenses de défense : pas vraiment des pinottes, comme on dit.
Il est également important de ne pas oublier que l’engagement de dépenser 2 % du PIB ne nous a pas été imposé. C’est une entente que nous, et tous les autres pays de l’OTAN, avons conclue de notre plein gré. Un volet de cet engagement en matière de dépense consiste à allouer un tiers de la somme aux investissements en capital. Un bon moyen de faire cela serait d’améliorer notre capacité de chasse aérienne.
Le Canada a besoin de nouveaux chasseurs pour remplacer les CF-18 vieillissants qui ont déjà fait l’objet d’une prolongation de leur durée de vie. La raison pour laquelle nous avons besoin de nouveaux appareils est toute simple. C’est la façon dont nous en ferons l’acquisition qui est compliquée.
Premièrement, et avant toute chose, nous devons disposer de chasseurs à réaction pour défendre notre propre espace aérien contre des appareils ennemis ou des avions de ligne détournés. Il y a, sur la scène internationale, trop de voyous qui veulent nous causer du tort. Protéger notre ciel contre de telles menaces constitue une composante essentielle de notre défense nationale.
En notre qualité de partenaire dans le NORAD, nous coopérons avec les seuls États-Unis à défendre l’Amérique du Nord contre toute attaque aérienne. Mais comme le démontre le récent essai de missile nord-coréen, des appareils ennemis ou détournés ne constituent qu’une faible part de la menace. Il faut être un peu niais pour croire que nous nous sommes volontairement exclus de la défense antimissile balistique.
Deuxièmement, nous avons besoin de nouveaux appareils, non seulement pour protéger le Canada, mais pour assurer le soutien aérien de nos opérations militaires à l’étranger afin de couvrir nos troupes au sol, comme les CF-18 l’ont fait en ex-Yougoslavie en 1997.
Enfin, si nous devons disposer d’une flotte de chasseurs à réaction moderne et efficace, c’est qu’une force aérienne robuste constitue un excellent outil de dissuasion contre ceux qui veulent nous causer du tort. Souvent, le simple fait de disposer d’un gourdin constitue le meilleur moyen de ne pas avoir à l’utiliser.
Il existe un consensus, parmi nos généraux et conseillers militaires, sur le fait que nous avons besoin d’un nouveau chasseur-bombardier afin de remplir ces fonctions au Canada. Mais, dans nos élites, on ne se lasse pas de gloser, non seulement sur le type d’appareil qui doit être acheté, mais aussi sur la façon dont il doit être acheté.
Cela fait quarante ans que je travaille sur des dossiers de défense et je serai le premier à vous avouer que ni moi, ni un comité de parlementaires, ne sommes qualifiés pour décider quel appareil est le mieux adapté. Cette question doit être laissée aux hommes et aux femmes de l’armée qui seront ultimement amenés à piloter ces appareils en mission et, espérons-le, à en revenir sains et saufs.
Heureusement, le brouhaha politique semble vouloir s’apaiser et une solution censée sur le point d’émerger. Depuis l’élection, le premier ministre a donné mandat de lancer un « appel d’offres ouvert et transparent pour le remplacement du chasseur CF-18 ». Qui plus est, le questionnaire envoyé aux fournisseurs de matériel de défense en concurrence était en tout point juste et inclusif.
Le moment est venu de lancer un appel d’offres pour ces avions de chasse. Un processus ouvert est transparent constitue la façon canadienne de faire. C’est ainsi que nous traitons avec tout un chacun dans le monde. C’est aussi un moyen d’affirmer que les besoins de nos aviateurs et aviatrices ont été pris en compte et que nous obtiendrons au bout du compte le meilleur avion au meilleur prix pour le Canada.
[Colin Kenny est l’ancien président du Comité sénatorial de la sécurité nationale et de la défense. Kennyco@sen.parl.gc.ca]